Atelier d’écriture, deuxième …

Atelier d’écriture, deuxième …

Voici le deuxième texte, issu de l’atelier d’écriture évoqué précédemment.

Autour de la toponymie. Ça fait travailler la mémoire, ramène aussi pas mal de choses à la surface … mais ça s’articule assez facilement. Je travaille peu le texte, j’y pense beaucoup avant, des jours. J’organise, et hop, je jette d’un coup et ça suffit.

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Ça commençait à Saint-Germain-En-Laye, et c’était peut-être encore la Seine & Oise avant d’aujourd’hui se trouver dans les Yvelines. N’y revenir que bien longtemps après, pour le Musée des Antiquités Nationales. Une histoire autour des boucles de la Seine, entre quartiers rupins et zones populaires, entre châteaux et pavillons de banlieue, entre champs de courses de Maisons-Laffitte et usines Dassault. En semis des premières années à Carrières sur Seine, dans la rue de Bezons, presque au bord du fleuve, à l’angle de la crasseuse rue de Seine, qui y menait. Le petit appartement dans le tout petit immeuble d’un étage, avec Mr Louis, et deux autres appartements, minuscules, occupés chacun d’une branche familiale. Je me souviens du petit rectangle de jardin au fond duquel était le cagibi-atelier du grand-père. Bezons, c’était le Pont de Bezons, passage vers Nanterre. Traverser le Pont de Bezons, connu pour ses encombrement, était l’aventure toujours racontée « J’ai passé le pont d’Bezons comme une lettre à la poste », »J’ai bien cru qu’j’y séchais, su’l’Pont d’Bezons » « Y’aller, c’est rien, c’est r’venir ! » Puis leur installation durable se fit dans le quartier des Coteaux, qui donna son nom à la boutique, à Argenteuil. Parmi les rues des fleurs, c’était dans celle des Bleuets. Il y avait alentour les Roses, les Courlis, les Lilas, les Chèvrefeuilles et la Marjolaine. Là, le bruit permanent des moteurs des frigos, les odeurs de suif, des cuissons des tripes, des rillettes. Poignées de portes graisseuses, petite porte de la cave, téléphone mural au milieu de l’escalier, ni trop descendre ni trop monter selon qu’on soit dans la boutique ou dans l’appartement. Appels sans intimité, du coup, selon l’heure du jour, du soir.Au loin les trains, triages, gare, passages, passage à niveau, sonnerie, en échos. Puis, les saints et saintes des pensionnats, St Paul à Sannois. L’odeur des cigarettes KOOL dans la voiture du gardien du stade. La veilleuse bleue dans la solitude nocturne. Les escaliers entre les parois de bois, les relents de javel du lundi matin, jour des haricots blancs, pissotières extérieures en ardoise, Crésyl. Mlle Père. Humidité, tristesse, enfance. Le Directeur, la Directrice, le piano au milieu du réfectoire. Les filles Piolot. Dudu et la fille de la pharmacie, la petite carriole pour aller chercher le pain tous les matins et gagner le droit au croissant, privilège. St Charles à Corneilles en Parisis. Le petit espace dans le bas de la cour, avec des marches, stade imaginaire de tous nos matchs. Froidure matinale hivernale des cours de math supplémentaires. Famille Grondin. Adolescence. Fénélon Ste Marie. Quartier de l’Europe. Capitale, train de banlieue, Val d’Argenteuil, ZUP, dalle, Le Stade, Bois-Colombe, Asnières, Pont-Cardinet, Saint-Lazare, rue du Rocher, rue de Naples, VIIIème. Les filles d’en face. Mr Rimbaud, prof de français, la surveillante générale qui ressemblait à Marguerite Duras. Le Bon Coin. Antoine, Claudie « On s’bise bien rue d’Edimbourg ». Chapelle intégrée aux bâtiments des classes. Entrée en bourgeoisie. Redoublements, très fort en redoublement. La Seine est loin, cette fois. Mais chaque été, loin des fleuves . Côtes-du-Nord, hameaux sans nom de rue, Langouhèdre, le Fresche Court, La Ville-Pierre, Quénequy, LaVille Hervy. St Odile, la Villeneuve. Fêtes, kermesse, émois. Sable, jeunesse, bord de mer. Chaque été, enfance, jeunesse. Chaque été.

 

2 réflexions sur « Atelier d’écriture, deuxième … »

  1. « Le secret, c’est d’écrire n’importe quoi, c’est d’oser écrire n’importe quoi, parce que lorsqu’on écrit n’importe quoi, on commence à dire les choses les plus importantes. » (Julien Green)

  2. J’aime bien tes bulles lancées dans le nuage électronique, comme enfants on jetait des bouteilles à la mer. Pareil. Un humain parle à un autre humain. Bien sûr, il y a des choses qui lui sont singulières, avec une parole un peu désolée, un peu amusée, empreinte de tendresse discrète. Mais chacun peut faire siennes certaines notations.
    Voilà, Philippe, ce que j’ai trouvé dans la bouteille arrivée sur mes ondes… 🙂

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