Atelier d’écriture Hiver 2016/2017 Numéro 5 : Escaliers
Voici mon texte pour les Ateliers d’écriture de François Bon; le n° 5.
Pour les plus curieux, voici la règle pour celui-ci. http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4391
Le petit escalier de la cave avec ses marches en bois, bien usées par tant de passages, celles du bas où restaient déposés quelques graviers du sol ramassés par les chaussures qui finissaient par rayer le plan, qui se remontait péniblement lorsque j’étais chargé de boites de conserves pour la boutique lors de cette courte mais rude accession pour quitter le sombre et revenir vers le jour non sans avoir, d’un mouvement vif du bas du dos ouvert la porte, laissée tout exprès non crochetée, sachant qu’il n’était pas question de poser ma charge pour justement l’ouvrir. Lorsque j’étais enfant, bien que de tout temps depuis on m’ait affirmé que j’étais un gamin des plus sages, obéissant, pas embêtant ni exigeant, une bonne pâte en somme, je passais quelques heures en punition assis sur les marches du haut du petit escalier de la cave, sans doute comme d’autres étaient enfermés dans le placard à balais, au moins là j’avais de l’espace si d’aventure j’étais descendu arpenter le réduit entre les caisses empilées remplies des réserves commerçantes, mais le courage me manquait car haut comme trois pommes et gonflé de seulement quelques années, en plus d’être chétif j’étais aussi bien froussard, et restais donc assis sur la marche la plus haute attendant la délivrance. Je devais sans doute chougner un peu, trembler d’une frayeur alimentée par mes propres peurs qui ne me faisaient, en plein jour, ne pas aller bien plus loin que la zone faiblement éclairée par le soupirail, ancien passage pour les pelletées de charbon. Elle était froide, cette marche haute, pour mes fesses enfantines et je ne me souviens d’aucune des raisons qui me valurent ses séjours, sans doute assez courts. Elles sont froides, les dernières marches lorsque les portes restent fermées, celles sur lesquelles pourtant l’on a frappé en vain, et qu’il faut redescendre, vaincu par l’absence et son silence. Le petit escalier de la cave, avec ses marches en bois, pas plus d’une douzaine tant le local était tassé,et qui tournait en son milieu à angle droit, est resté dans ma mémoire comme un marqueur définitif de l’humidité, du renfermé, et il aura fallu bien du temps pour qu’en fait j’en sorte pour de bon, délivré de mes angoisses nées peut-être d’avoir fréquenté ce sous-sol, tel un enfer enfantin.