Atelier d’écriture de François Bon Hiver 2017
Un seul plan. Quatre minutes et quelque. C’est une première, jamais il n’avait filmé. Ce sera tremblant, ce sera trop long. Il voudra tout montrer, faire découvrir pour avoir des avis. Ce sera mal ficelé, comme on est mal fagoté. Pourtant l’outil est bien une caméra. Petite, juste appuyer sur le bouton, autofocus qui règle netteté et ouverture automatiquement. Il est dans la maison et commence par la porte par laquelle il est entré. Il dit où ça se trouve. Se retourne pour montrer l’autre porte au bout du couloir. Il fera le tour de la baraque avec commentaires pour décrire les pièces, dire ce qu’il voit. Ça tourne beaucoup, de droite à gauche, de gauche à droite. Il parle presque tout le temps, fait le tour en bas, la grande cuisine pleine de réfrigérateurs utilisés par le comité des fêtes du hameau. Et puis il va à l’étage. Il dit l’escalier, la salle de bain, que ça faisait un petit appartement. De la lumière par les fenêtres, les pièces sont claires. Les volets sont fermés dans d’autres, noires mais il dit comme elles sont grandes. Il dit que c’est de la vidéo de pas très bonne qualité. Escalier encore pour le grenier. Il filme la charpente, dit qu’il pense qu’elle est bonne, qu’on le lui a dit. Des trous qui laissent passer le soleil, ça l’inquiète côté étanchéité. Il dit qu’il n’y connaît rien. Il termine en disant «Voilà, stop!».