Attendre la nuit
J’ai sorti là une chaise longue pour être bien installé. Le soir tombait doucement et quelques gouttes de fine pluie semblaient vouloir m’empêcher d’écrire dehors, mais si peu que le papier les absorbait et n’étaient donc sans effet dévastateur.
Et puis, au loin, non pas la nuit mais un nuage puissamment noir, entier comme on dirait d’un cheval, abattait sa pluie tout en noirceur. Pas un bruit, pas un éclair à l’instant.
Il ne faudra pas longtemps pour que ça vienne jusqu’ici. Voici un vent frais et humide, par saccades, comme un signe avant coureur. Une fraîcheur froide aprés une journée si chaude, si sèche.
Et les branches des arbres qui s’animent en mouvement de pantin désarticulé, les feuilles bruissant de leur langage botanique.
Alors la nuit s’avance. c’est elle que je venais et voulais voir arriver. Je la guettais. Elle ne descend pas, elle rampe, comme l’orage qui l’accompagne, ils viennent tous deux comme arrivent des voyageurs.
Elle est là, je rentre.