Atelier Hiver 2017 exercice 3
J’allais marcher sur le sentier qui démarre au pied de la maison, il faisait froid, sec sans vent. De la neige partout, sous mes pieds d’abord, aussi sur le haut des gros piquets de clôture ronds. Je prenais garde de ne pas glisser, le silence d’hiver m’accompagnait. Je prenais des photos avec mon téléphone, comme des balises qui me permettront de retrouver ce à quoi je pensais à cet endroit, mais ça marche jamais. J’ai bien des certitudes en arpentant les sentiers, mais je n’ai pas de petits carnet pour noter ou faire des croquis. Je sais pas dessiner, j’ai pas appris alors écrire, j’ai pas appris non plus. Et des notes, qu’en resterait-il à la relecture, pas plus que les photos, sans doute.C’était pour l’exercice et je ne savais pas par quel bout commencer. Je marchais, comme d’habitude, pour rassembler les morceaux, les mettre dans la boite crânienne et les laisser se mélanger, se malaxer, s’assembler comme bon leur semblait, sans rigueur ni ordre établi, s’associer à la sauvette. Toujours des morceaux de souvenirs, les petits cailloux du petit Poucet qui sont plutôt des graviers dans la chaussure à asticoter la plante des pieds jusqu’à devoir les enlever de la godasse car la persistance et l’amplification de la gêne, puis de la douleur, deviennent insupportables. Gratter là dans le fond, aller chercher bien profond, tout en bas de ce qui reste d’enfoui, casser la roche dans le boyau de la mine à la recherche d’une pépite oubliée ou d’une horreur si bien dissimulée. Les indications changent, les références évoluent, se renouvellent et se superposent, ainsi les rythmes se saccadent, les cadences varient. La construction prend forme, l’assemblage se fait, pièce à pièce, les morceaux se superposent et le tout, ce petit ensemble, commence à tenir la route. Mais toujours… les lieux, les maisons et leurs escaliers. L’enfance, toujours l’enfance.