Atelier d’écriture, troisième …
Pour les consignes, reportez-vous au site de François Bon, qui vous dit ce qu’il faut savoir.
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4338
Voici mon truc. Là, en dessous, ou là, si vous préférez : Carnet
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– 1 –
moleskine
nom féminin
(anglais moleskin, de mole, taupe, et skin, peau)
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Étoffe de coton lustré, que l’on employait autrefois pour faire des doublures de vêtements.
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Toile vernie imitant le maroquin ou le cuir, constituée par une étoffe recouverte d’un enduit et d’un vernis. (Elle est utilisée en gainerie et en reliure.)
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Il existait déjà au XIX éme siècle, dit-on dans le dépliant publicitaire faisant office de mode d’emploi, mais la marque semble avoir été crée et déposée en 1997, par un éditeur milanais, sous le nom de Moleskine ®, en référence aux angles arrondis des coins, à l’élastique qui retient les pages et à la pochette interne.
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Longueur 21 cm, largeur 13 cm, épaisseur 2 cm.
Pas bien complètement plat à cause des choses qui sont dedans, arrondissant un peu la couverture par un petit renflement. Le signet est un peu effiloché au bout. Le cordon de l’élastique est strié.
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Poids 394 g. Ne peut varier qu’avec une humidité prolongée et importante, et par la l’ajout ou l’élimination de petits papiers, tickets, cartes de visite, carnets de timbres.
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Noir. C’est noir, recto verso dos. Ivoire pour la tranche. Le signet est marron, les pages de la couleur de la tranche.
Des encres différentes couvrent les pages, souvent de la marque Herbin pour les moins courantes, aux noms tarabiscottés puisqu’il ne s’agit pas de dire simplement rouge, noir ou bleu, mais « Lie de thé » ou « larme de cassis ».
On y trouve également des post-it, jaune ou blanc, rose.
Un ticket gris et neige pour un aller-retour au panoramique des Dômes par le train à crémaillère.
Un autocollant bleu ciel du muCEM, n° 08221.
Une partie de l’emballage noir d’un sandwich « Paul » sur lequel apparaît l’étiquette blanche donnant la date limite d’utilisation 17/12/14 13 :16 17/12/14 17:16 .
Une carte de visite violette et verte d’une auberge où nous ne sommes toujours pas allés.
Deux autocollants récupérés sur une boite de cigares offerte par ma fille de retour de voyage, l’un sans doute du magasin « Couleurs des Iles », noir et or, et l’autre prévenant de la nocivité, en noir sur fond blanc « Fumer tue 100% Tabac Fabrique a CUBA ® Vente en France (D.O.M.) » conçu avec un clavier sans accents.
Un petit carton, rouge et noir, découpé sur un emballage comme pense-bête pour un futur cadeau.
Un morceau de papier cadeau qui emballait un livre offert pour mon anniversaire, imitation du motif des cartons à dessins mais où le rouge remplace le vert, avec ce qui ressemble à des taches d’encre noire, avec collée dessus et rosie par transparence une étiquette blanche de la librairie « Le passeur de l’Isle ».
Un post-it rose avec un mot d’amour.
La carte de visite pourpre du restaurant « Le Bouchon » à Gap.
Un post-it jaune avec un nom et un numéro de téléphone.
Un post-it blanc avec les coordonnées du petit hôtel du Col de la Machine, dans le Vercors.
Un bout de papier blanc sur lequel j’avais noté un menu totalement poisson, pour rire, pour une amie qui déteste ça.
Deux post-it accolées, un jaune et un blanc, avec l’adresse d’un ophtalmologiste.
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Pour produire, un bruit, un claquement, un son, il faudrait une chute, un lâcher d’élastique abrupt, un défilement rapide des pages.
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Ne sentir que l’odeur d’un faux cuir, l’imaginer puisqu’elle n’existe pas.
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N’est pas à goûter, à manger, et passer sa langue sur l’imitation peau est déplaisant à la langue et n’est pas un plaisir au palais.
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Ouvert le 22 Juillet 2014 , utilisé pour moitié jusqu’à ce jour, 19 Juillet 2016, alors que le précédent était plein en à peine une année.
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Débuté sur les hauts de Clermont-Ferrand, a poursuivi sa fonction au Puy de Dôme, puis à Rennes, St Malo, Ploumanach, Perros-Guirrec, St Bonnay de Tronçais, Gordes, Fontaine de Vaucluse, Lyon, Villeurbanne, Marseille, Impéria, Florence, San Giminiano, Brignais, Forcalquier, Le mans, Lamballe, Val-André, Carpentras, Vedène, Avignon, Aix-en-Provence, Isle sur la Sorgue, Sigoyer, Gap, Genève, Dinard, Ile de Bréhat, Montpellier, Reillane, St Bonnet en Champsaur, Chateauneuf de Gadagne, St Donan, Anduze, Uzes, Cancale, Cluny, Javéa ou Xabia, Cadaques, Lisbonne, Cascais, St jean en Royan, Roussillon, Les Baux de Provence, Le Grau du Roi, Cucuron, St remy de Provence, Porto Vecchio, Lecci, Bonnifacio, Zonza, Arles.
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Des gens apparaissent. Des amis, des proches, de la famille, des connaissances, des gens de la vraie vie comme Patricia S., Véronique, Sylvie et Fred, Lucie, une princesse, Kamal, Ma Grande, Lisa, son fils, Nadine, Peggy, Guy, une jeune femme tunisienne, Maman, Papa, Dominique, Marion, la jeune letonne, une mamie, des spectateurs, Arnaud, les enfants, un chef de rang, les filles, le photographe, le cuisinier, Babeth et Jean-Loup, IL, ELLE,ILS, le patron, le personnel, les gens, LUKA, l’artiste, le monsieur, Jean-Claude, Armelle, Suzanne, Sylvia, le serveur indien, Alain, Charles, Domi, Agathe, Arthur, François, Claude, Patricia C., Pascal et Jeanne, l’ophtalmologiste, Henriette, la bourgeoisie friquée, les patrons, Zébulon, des jeunes, des filles, un sommelier.
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Un contenant supplémentaire, avec cette pochette tout à la fin qui doit recevoir de petits papiers, des listes, des petites cartes postales, des billets d’exposition, des étiquettes de fromage, des sous-bock qui seront plus tard utilisés pour des mots intimes, un certificat d’authenticité pour une toile, le dépliant publicitaire faisant office de mode d’emploi de l’objet lui-même.
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Comme un disque dur d’un coup inutilisable, sa perte serait une peine, une vraie peine, même si ce texte désormais en est une trace indélébile et que ces énumérations, ces recensements constituent une sorte de consolidation de la mémoire, une entrée dans la nostalgie à venir, en ce cas. Alors, j’en achèterai un autre et je continuerai, je recommencerai.
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