Pourquoi je marche…
Je me suis mis à la marche à pied de manière intensive depuis quelques semaines. Ainsi qu’à la pratique du vélo d’appartement , autre activité physique, de façon toute aussi constante pour les jours sans marche. Ça fait un bien fou,et ça c’est fait tout naturellement, sans qu’aucune bonne résolution n’en soit la cause. Plutôt une sorte de prise de conscience, après qu’un médecin cardiologue m’ait traité très désagréablement, avec un discours que j’ai entendu ainsi :
– »Dis donc, mon gros, je me demande pourquoi on t’a envoyé chez moi, parce que ton petit truc à l’aorte c’est pas grand-chose, et tu ferais mieux de te bouger un peu le cul et bouffer moi salé et tout ira bien. T’as qu’à faire un peu d’activité, mais faut y aller un peu, hein, pas de la promenade de grand-père, faut transpirer un minimum et monter dans les tours !! Ça fait 50 € et passe prendre ton courrier au secrétariat »
Tiens, prends ça dans la tronche, mon gars, que je me suis dis en sortant.
Il a donc été très désagréable, hautain et dédaigneux et j’étais comme un mioche à la visite médicale chez qui on diagnostique un petit retard de développement ou un début d’obésité. Mais… mais il avait raison, le bonhomme. S’il avait eu un message plus aimable, pas compatissant mais pédagogique, m’expliquant calmement la « situation » et m’encourageant à démarrer une activité nécessaire, vraiment nécessaire, cela aurait-il eu le même effet ? Hum, pas sûr … donc, merci vilain cardiologue. J’irai pas te revoir pour mon aorte, mais tu auras été un bon déclencheur et m’auras pousser vers une démarche salvatrice.
Tout a commencé mi-août dernier lorsqu’un matin je me suis levé avec une douleur à un genoux. Souvent celle-ci disparaît après quelques pas, ou quelques minutes. Pas cette fois, et je traînais la patte un peu piteusement et donc une quinzaine de jours plus tard, je me décidais d’aller consulter mon généraliste. Mais avant ce rendez-vous, un autre incident médicale advenait, bien plus spectaculaire. Au réveil du 3 septembre, m’asseyant pour sortir du lit, je retombais sujet à un vertige complet, conscient mais pas maître de mes mouvements, parfaitement étourdi avec une chambre qui tournait comme un manège autour de moi… je vous la fais courte, pim-pom pim-pom, SAMU, urgences, matinée en salle de surveillance… pouls à 52, tension aux fraises mais à midi, tout est rentré dans l’ordre sans qu’on sache ce qui s’est passé, et je sorts. J’avais donc bien des choses à raconter à mon médecin, en plus de mon genoux.
Vous imaginez la flopée d’examens qui suivaient. Radios, scanners, IRM et Doppler de la tête aux genoux… qui ne mirent rien d’autre en évidence qu’une petite circonférence un peu trop importante de l’aorte sortant du cœur, rien de grave mais dont il faut surveiller l’évolution, et qui nécessite la consultation d’un cardiologue qui fera un examen spécifique plus fin. Retour au début de l’histoire…
Le genoux se répare tout seul, c’est peut-être un peu d’arthrose, mais c’est pas sûr. La tête va bien, on trouve rien, alors surveillons la tension et restons calme pendant quelques temps. La fin d’année se passe ainsi en examens et points avec le généraliste, car si un examen ne donne rien, on en fait un autre pour chercher ailleurs, d’un autre point de vue en quelque sorte, et ça prend des semaines, mais au bout du compte, rien de grave. Je commence à faire un peu de vélo d’appartement, légèrement.
C’est bientôt Noël, les enfants viennent, tout va bien… et puis le lendemain 26 décembre, peu à peu en quelques heures, mon œil gauche s’éteint progressivement. Panique à bord , on file aux urgences, diagnostique immédiat d’une décollement de la rétine, intervention au plus vite faite 48 heures plus tard…par un jeune chirurgien italien qui court partout mais garde ma carte de vœux précieusement dans la poche de sa blouse.
L’année nouvelle est donc entamée sans que le temps des bonnes résolutions n’ait seulement eu le temps d’affleurer mon esprit, pris dans la tourmente du rythme effréné des gouttes à mettre dans l’œil pour les traitements post-opératoires. 15 fois par jour la première semaine. Tout est rentré dans l’ordre après un mois et demie de vue d’un seul œil, le temps que le gaz injecté se dissipe.
Voilà, c’est maintenant octobre et, accessoirement j’ai eu 60 ans en mars dernier. L’évocation de cet âge, et donc l’entrée dans la période « 60 – 80 », ainsi nommée froidement par un ami, aurait dû être en soi une prise de conscience, mais tous ces examens sont tombés à point nommé pour une sorte de révision générale. Un contrôle technique qui, sans toutes ces péripéties n’aurait sans doute, certainement d’ailleurs, jamais été fait.
Ainsi il est donc question du temps qui passe, et plus précisément surtout, de celui qui reste.
L’an passé à pareille époque, je me traînais un peu lamentablement avec un mal de genou qui m’empêchait vraiment de marcher. Je veux dire marcher pour randonner, car pour les déambulations quotidiennes et «utilitaires » je m’en sortais, mais faire les courses n’était pas vraiment une partie de plaisir. Aujourd’hui je savoure donc ce plaisir de la marche à pied. Déambuler sur les chemins, divaguer sur les sentiers, errer le long des routes, le nez au vent, l’allure légère et respirer tout en se sentant alerte. Définition du Robert éd.1981: ALERTE 2°( Fin XVIIe ) Vif et leste (malgré l’age, l’embonpoint, etc) « Un petit vieux, frétillant, sec, alerte et gai « (DAUD .). Je ne pouvais choisir meilleur qualificatif !!
Et ce goût pour la randonnée m’a fait découvrir bien des lieux, m’a également ouvert un peu plus l’esprit. C’est de cela dont je veux vous parler, dans les prochains jours. Je mettrai, avec des photographies, quelques considérations qui me passent par la tête lors de ces sorties sur mon blog, l’alimentant ainsi, enfin, plus régulièrement.