Treizième Juin

Treizième Juin

« Construire une ville avec des mots »tel est le titre de l’atelier d’écriture qui ira du 15 Juin au 15 Septembre, mais c’est déjà commence depuis quelques jours.

Je vous mets le lien vers le site de François Bon, pour ceux que ça intéresserait, et je vous y encourage toutes et tous. Vous y trouverez toutes les explications complètes… pour y consacrer 20 minutes par exercice (ou par jour, si vous êtes très organisé). Et on peut commencer quand on veut, laisser, revenir etc

http://www.tierslivre.net/

Ci-dessous, dans leur forme la plus courte, la plus simple, voici les trois premières propositions.

Revenir

se concentrer mentalement sur une idée très simple : je reviens dans un lieu quitté il y a longtemps, mais chacun a un nombre très limité de ces lieux susceptibles de provoquer cette sensation – les lister – puis traiter de ce retour, mais impérativement à la 3ème personne

Image

à nouveau cette problématique du retour, quel que soit le lieu qui provoque cette intensité de souvenir ou d’émotion, mais on gomme le narrateur, on ne retient que l’image fixe devant soi, si possible sous forme d’un paragraphe monobloc

Se retourner

toujours en prenant ce point spatial d’ancrage d’un narrateur qui revient (1ère proposition), et le passage à la description visuelle (2ème description), et si on regardait ce qu’il y a dans le dos du narrateur ? derrière, ou sur les côtés ? toujours dans l’idée de solidifier le territoire qui peu à peu devient fiction

Et donc voici mes contributions pour ceux-ci.


Proposition 1 : Revenir

Il avait retrouvé une pochette de photos, sur laquelle était écrit 1990. Il y avait 33 photos, dont 25 précisément de la rue des Bleuets, où il avait passé enfance et jeunesse. Sa vie était ailleurs depuis longtemps et il n’avait aucune attache dans ce quartier. Il y avait là sur les images ses parents et son frère, et des amis et de la famille. Tous étaient venus pour donner un coup de main pour le déménagement. Lui était là, et sans ces photographies, il n’aurait jamais eu aucun souvenir de cette journée, pourtant si particulière. C’était le dernier jour à cet endroit, la dernière journée de la Boucherie des Coteaux car tel était le nom de la boutique. On disait toujours comme ça pour parler du lieu, la boutique, qui occupait le rez de chaussé de la maison de banlieue, dans ce quartier où les rues avaient des noms de fleurs. Des prises de vues ont été faites aussi dans la petite cour, et derrière. Derrière, c’était la resserre, là où se trouvait le grand frigo, et la grande table de bois sur laquelle étaient posés le quartiers de bœufs pour être découpés. Ils étaient arrivés là au milieu des années 50, et quittaient l’endroit quarante ans plus tard. Il ne se souvient pas de la dernière fois où il était venu avant ce jour définitif, mais il était bien certain qu’après celui-ci, il n’y revint jamais.

Proposition2 : Image

Une longue devanture en verre épais. A chaque bout une porte, également transparente, et qui se verrouillait par le bas. Devant, un large trottoir puisque la maison était un peu plus que les autres en recul de la rue, et des clients en profitaient pour poser là leur bagnole. Une marquise en dur qui se prolongeait par un store de toile épaisse pour le soleil lorsqu’il chauffait trop. Un grand rideau rouge à bandes noires cachait l’intérieur lorsque la boutique était fermée. Deux fenêtres aux volets métalliques à l’étage, peints d’un marron soutenu. Du toit l’on aperçoit le battant ouvert d’un Vélux, un peu à gauche, comme une bouche mangeant les tuiles. A droite le grand portail métallique coulissant est grand ouvert, laissant voir la cour et les garages dans le fond. Le cerisier n’est plus là depuis longtemps.

Proposition 3 : Se retourner

Face à la boutique, c’était une petite impasse qui desservait une dizaine de maisons, et qui débutait sur la gauche par un terrain vague. Le maçon dans la première maison l’avait réquisitionné pour entreposer des voitures sur lesquelles il passait le plus clair de son temps libre, la tête sous les capots. A droite était une coquette maisonnette en vert et blanc, la voisine d’en face qui prenait un malin plaisir à venir chercher à manger juste au moment de la fermeture des rideaux. De petites portes en ferraille desservaient d’humbles maisons avec leurs jardinets qu’il fallait traverser pour accéder aux habitations. La ruelle n’était pas goudronnée, et les jours de pluie c’était vraiment dégueulasse, noire comme de la désolation. C’était du mâchefer, pareil que les pistes de l’hippodrome de Vincennes. Les noms de chaque famille lui étaient connus, leurs histoires aussi. De l’étage au dessus de la boutique, on devait voir Paris, mais c’est pas sûr.


Voici voilà.

Je donnerai peut-être quelques indications plus personnelles ici, en fonction de l’avancée du projet, sur mon projet! Tout d’abord par cette photographie mise en illustration de cet article. Rien d’autre pour le moment.

 

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